Voici la tribune socialiste que j’ai rédigée et qui sera publiée dans le prochain Bordeaux Magazine.
Pour InCité, les pauvres ont-ils le “droit de cité” ?
Se loger est un besoin vital et indispensable à l’accès à la dignité. Le logement est également un droit fondamental que les pouvoirs publics se doivent de faire respecter en proposant tout particulièrement à ceux qui en sont éloignés une offre adaptée. Cette exigence est d’autant plus criante à Bordeaux que 25 % de ses habitants vivent sous le seuil de pauvreté et que chaque année, la Ville est condamnée par l’État pour ne pas disposer des 20 % de logements sociaux.
Nous sommes aujourd’hui choqués par le refus entêté du Maire de Bordeaux de prendre sa part dans la création de réelles solutions. InCité, société d’économie mixte pilotée par la Mairie de Bordeaux, était notamment destinée à créer du logement social mais force est de constater qu’elle ne remplit pas sa mission. Alors qu’elle a la qualité de bailleur social, cette entreprise vend des appartements à Saint Michel à 3 300,00 euros le m2 (soit presque 1000 euros le m2 plus cher que le prix du marché). Quant on s’en offusque, la Mairie répond qu’il s’agit de mixité sociale. Entendez : on installe dans ce quartier des personnes qui ont des ressources plus importantes que la moyenne des résidents dudit quartier.
C’est une bien curieuse manière de pratiquer la mixité puisqu’on ne permet pas aux personnes modestes de vivre dans les quartiers les plus favorisés. Et qu’en tout état de cause, la mixité c’est la cohabitation sociale, ce n’est pas chasser une catégorie sociale au profit d’une autre. C’est parce qu’InCité signifie pour les pauvres : “Pas de droit de cité” que l’opposition a tenu à protester en démissionnant de son Conseil d’Administration.
Cela dit, nous refusons de nous arrêter à la protestation et nous formulons une proposition. L’exercice politique correspond à des arbitrages, ce sont d’abord des choix. Le Maire dit qu’il peut tout à fait dégager 15 millions d’euros pour cofinancer son projet de Grand Stade. Nous considérons pour notre part que cet équipement n’est absolument pas prioritaire et peut tout à fait être financé par l’argent colossal que draine le foot business. Aussi, nous proposons d’employer ces 15 millions d’euros dans le cadre d’une politique ambitieuse de création de logements sociaux publics. Dans cette période de crise économique où les plus faibles sont les plus exposés, nous réclamons que l’action politique délaisse le bling-bling pour s’attacher à donner du sens à des valeurs de vivre ensemble.