Monsieur le Président de la République, Permettez-moi de vous raconter l’histoire d’Aziz, un homme de 50 ans dont le Contrat d’Accompagnement dans l’Emploi (CAE) est arrivé à son terme en juin dernier. Cette personne exerçait les fonctions de surveillant dans un lycée de Bordeaux. Permettez-moi également de saisir cette occasion pour attirer votre attention sur les conséquences dramatiques sur le service public d’éducation qu’aura sans nul doute votre politique. Celle-ci vise en effet à supprimer la moitié des postes d’accueil, de surveillance et d’encadrement des élèves, mais aussi les postes d’aide à l’animation des activités culturelles, artistiques et sportives ou encore les emplois d’aide à l’utilisation des nouvelles technologies. Dans [votre lettre|http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-950952@51-946005,0.html] aux éducateurs datée du 4 septembre 2007, vous affirmez pourtant votre volonté de remettre la culture générale au cœur de l’ambition éducative, d’ouvrir les élèves au théâtre, à la poésie, aux bibliothèques, à la nature et au sport. Mais comment permettre le développement de telles activités si, dans le même temps, vous supprimez les postes de ceux qui assurent la quiétude de l’établissement, accompagnent les élèves dans leur éveil aux activités culturelles, artistiques et sportives, que vous dites souhaiter développer, et assurent le travail administratif indispensable au fonctionnement des collèges et lycées. Durant deux ans, Aziz a fait ses preuves. Totalement investi dans son travail, il jouait un rôle social fondamental. Bien renseigné et fin psychologue, il neutralisait des conflits entre adolescents et éloignait des abords du lycée les mauvaises fréquentions. Il a même directement participé à l’arrestation de l’agresseur d’une élève. Sa personnalité, ses compétences et sa pédagogie auraient dû être des atouts pour lui ouvrir une éventuelle titularisation. Malheureusement, et malgré le vif souhait de son chef d’établissement à qui il avait donné toute satisfaction, Aziz se retrouve désormais au chômage. Pour comprendre pourquoi Aziz n’a pas pu être embauché, j’ai contacté le Ministère, le Rectorat de Bordeaux et de nombreux lycées. J’ai été choqué d’apprendre qu’Aziz n’était pas seul dans cette situation et que, par ailleurs, son poste serait sans doute purement et simplement supprimé. J’ai pu prendre connaissance de la [Note d’orientation émanant des ministère du Travail et de l’Education Nationale relative aux contrats aidés employés par les établissements publics locaux (EPLE) dans le cadre du Plan de cohésion sociale – Mesures d’urgence pour l’année scolaire 2007-2008|https://www.matthieu-rouveyre.fr/telecharger/Vie_municipale/cae/circc2070181.pdf]. Ce document indique que la moitié des postes occupés par des contrats aidés devra être supprimée. Il précise également que cette mesure est destinée à permettre l’accompagnement d’élèves handicapés. Autrement dit, votre politique ne fait rien d’autre que déshabiller Pierre pour habiller Paul. S’il est évidemment essentiel de s’occuper des élèves handicapés, il n’en est pas moins cynique et, pour tout dire, insupportable que cela se fasse au détriment d’autres besoins impérieux. Les emplois aidés dans les établissements scolaires remplissent des missions fondamentales. Certains, comme Aziz, assurent la sécurité et la tranquillité des collèges et lycées, d’autres réalisent des travaux de secrétariat essentiels, d’autres encore permettent l’utilisation des salles informatiques. En supprimant ces ressources humaines primordiales vous mettez en danger les établissements, vous organisez un affaiblissement conséquent du service public de l’éducation et vous contribuez à créer des situations personnelles douloureuses, aussi incompréhensibles qu’injustes. Monsieur le Président de la République, cette politique est une véritable bombe à retardement. Si vous ne revenez pas sur la suppression de ces postes, la presse ne tardera guère à nous informer de la multiplication des tensions et incidents dans les collèges et lycées. Il est indispensable de pérenniser ces emplois et de permettre aux établissements scolaires de remplir leur mission d’éducation. Veuillez agréer, Monsieur le Président de la République, l’expression de ma haute considération. Matthieu Rouveyre Conseiller municipal de Bordeaux
Suppression des emplois vie scolaire : premiers effets de cette bombe à retardement
-
6 septembre 2007
6 septembre 2007
ah !! on commencait à se demander si tu tenais encore la barre de ton blog !!!
je vois malheureusement que ton thème de rentrée est plus que d’actualité avec d’un coté 15 milliard d’euros de paquet fiscal pour les plus riches et de l’autre des milliers de postes supprimés à des personnes plus ou moins jeune qui non slt avaient besoin de ce job pour vivre décemment mais surtout pour entourer et soutenir la jeunesse ds nos écoles : la machine est lancé, à nous de tenter de l’enrayer…
bonne rentrée politique mister Rouveyre !!
7 septembre 2007
On voit tout à fait à quel point l’expérience malheureuse d’Aziz vient mettre en lumière toutes les contradictions du sieur Sarko. Je vous invite tous à lire la lettre aux éducateurs si ce n’est pas déjà fait, certes c’est un peu long, mais elle vaut le coup… Morceaux choisis:
"Ouvrir nos enfants à l’universel, au dialogue des cultures, ce n’est pas un reniement de ce que nous sommes. C’est un accomplissement. De tout temps la France a
placé l’universalisme au coeur de sa pensée et de ses valeurs. De tout temps, la France s’est regardée comme l’héritière de toutes les cultures qui dans le monde ont
apporté leur contribution à l’idée d’humanité."
"Si tant d’adolescents n’arrivent pas à exprimer ce qu’ils ressentent, si tant de jeunes dans notre pays n’arrivent plus à exprimer leurs émotions, leurs sentiments, à
les faire partager, à trouver les mots de l’amour ou ceux de la douleur, si beaucoup d’entre eux n’arrivent plus à s’exprimer que par l’agressivité, par la brutalité, par
la violence, c’est peut-être aussi parce qu’on ne les a pas initiés à la littérature, à la poésie, ni à aucune des formes d’art qui savent exprimer ce que l’homme a de plus
émouvant, de plus pathétique, de plus tragique en lui."
"Il ne faut pas que les enfants restent enfermés dans leur classe. Très tôt, ils doivent aller dans les théâtres, les musées, les bibliothèques, les laboratoires, les ateliers.
Très tôt ils doivent être confrontés aux beautés de la nature et initiés à ses mystères.
C’est dans les forêts, dans les champs, dans les montagnes ou sur les plages que les leçons de physique, de géologie, de biologie, de géographie, d’histoire mais aussi
la poésie, auront souvent le plus de portée, le plus de signification.
Il faut apprendre à nos enfants à regarder aussi bien le chef-d’oeuvre de l’artiste que celui de la nature."
"Il est une autre opposition encore qu’il nous faut dépasser : celle du corps et de l’esprit. L’éducation est un tout. Elle doit être théorique autant que pratique,
intellectuelle autant que physique, artistique autant que sportive. La place faite au sport est encore insuffisante."
Ahlala c’est beau… mais il va peut etre nous expliquer Sarko comment il veut faire tout ça en supprimant 11000 postes dans l’éducation nationale en 2008??? En supprimant les emplois tels que ceux occupés par Aziz et tant d’autres comme lui !
Serait-il devenu magicien?