Dissection d’une ânerie politique

2009


J’ai souvent pensé qu’il ne valait pas la peine de répondre à la bêtise évidente.

 

Après que Fabien Robert, adjoint Modem au Maire de Bordeaux, m’a traité de menteur au sujet d’INCITE sans pour autant justifier ses propos, je me suis dit que tout le monde pouvait vérifier les miens en se référant à mon blog et qu’il était inutile de rentrer sur le terrain poisseux des attaques personnelles. En revanche, je prends beaucoup de plaisir à prendre la défense de mes amis, d’où ce billet.

 

Depuis quelques jours, M. Robert se fait le chevalier blanc de combats artificiels qu’il invente sur la base de choses irréelles. Il s’en prend ainsi à Michèle Delaunay qui dénonce selon lui l’absence de soutien de la Mairie de Bordeaux aux projets intergénérationnels en matière de logement.

 

J’ai décidé de prendre le temps de démontrer que ses affirmations saugrenues relèvent du grand n’importe quoi. Je me dis que ça peut éventuellement avoir une valeur pédagogique.

 

1) Première inexactitude : les reproches adressés à la Mairie ne sont pas de Michèle Delaunay mais d’Emmanuelle Ajon qui s’exprime dans le journal de la Députée.

 

2) Le maire adjoint de M. Juppé déclare : “Les deux associations bordelaises qui permettent à un étudiant d’être logé chez un senior sont subventionnées par la ville. Il s’agit de Gironde Solidaire et Vivre-Avec”.

En fait, “Gironde Solidaire” n’est pas une association mais un projet de l’UDAF33 (Union Départementale des associations familiales). Ce projet a été intégré dans les actions de la Convention d’Objectif 2007 de l’UDAF. Il faut noter que l’étude a été cofinancée par le Conseil général dès son origine (Commissions permanentes du 4 juin 2007 et du 11 juillet 08) en revanche, je ne trouve nulle part pas trace d’un soutien similaire de la part de la Maire de Bordeaux.

 

3) Au sujet de l’Association “Vivre avec”, Fabien Robert déclare : “J’ai recueilli l’Association “Vivre avec”, expulsée de ses locaux par la Mairie de Pessac. Elle est aujourd’hui logée dans la Mairie du 5ème quartier, 44, cours Pasteur”.

Sachant que cette association est aidée par le Conseil Général et qu’elle se trouve sur mon canton, je décide d’appeler sa responsable, voici sa réponse : “Jamais la Mairie de Pessac nous a expulsés, elle est au contraire la première à nous avoir fait confiance et continue de nous accompagner” (06.50.72.48.99).

Contactée, la Mairie de Pessac m’informe qu’en effet, en mai 2009 et alors que l’association avait déjà déplacé son siège social à Bordeaux, elle lui a versé une subvention de fonctionnement.

P.S : Fabien Robert vient de se raviser, sans doute la responsable de l’association lui a fait savoir qu’elle ne voulait pas être mêlée à ses divagations. Il écrit désormais : “J’ai recueilli l’association Vivre-Avec, expulsé de Pessac (pas par la Mairie).” L’honnêteté aurait voulu qu’il laisse sa version initiale, fasse apparaître ses corrections et en profite pour présenter ses excuses à la Mairie de Pessac. Il imaginait sans doute que personne n’avait conservé sa version initiale. Malheureusement, j’avais fait une copie écran.

Et il continue de s’embourber dans ses histoires abracadabrantes. Car l’association n’a été expulsée par personne. Il se trouve qu’une autre association (Innovalis) lui prêtait des locaux inoccupés qu’elle devait bien un jour récupérer.

 

4) Voici ce que déclare Fabien Robert en préambule : “… je découvre aujourd’hui avec stupéfaction que notre Députée, Mme DELAUNAY, déclare dans son dernier journal (4ème page) que la ville de Bordeaux ne soutient aucune action spécifique pour encourager le logement intergénérationnel”.

Ce n’est pas tout à fait ça, Emmanuelle Ajon déclare : “Pas davantage, on ne compte d’action municipale en faveur de la cohabitation intergénérationnelle …”. Elle a parfaitement raison. La Mairie annexe se contente simplement d’héberger une association à qui elle propose 2 000 euros en fonctionnement. Ce n’est pas rien mais ce n’est pas grand-chose et en tout état de cause, cette subvention ne peut pas être considérée comme “une action municipale”. Laissons à César ce qui lui appartient.

 

5) A des fins politiques, Fabien Robert a souhaité instrumentaliser l’association “Vivre avec”, qui n’avait rien demandé. Il a souhaité procéder à ce qu’on appelle de la “récupération politique”. Grâce à lui, je suis heureux de rappeler que cette association a été aidée dans son démarrage par la CRESS Aquitaine qui dépend du Conseil régional. Cette dernière a accompagné l’association et obtenu en sa faveur des fonds européens pour un montant de 22 950 euros en 2007. Si on s’en tient à 2008 et 2009, la Région et le Conseil général ont subventionné cette association à hauteur de 14 000 euros chacun. Fabien Robert a beau jeu de louer la Mairie de Bordeaux qui se réveille 3 ans plus tard et il n’est pas gêné de passer pour un héros en brandissant les 2 000 euros de subvention accordée à l’association.

 

Je ne partirai pas dans un discours grandiloquent comme celui qu’il a pu me servir au dernier Conseil municipal. J’ai plutôt envie de lui dire que ce qui est important c’est de faire avancer les projets qui sont d’intérêt général. Je suis persuadé qu’il est conscient du bien fondé du logement intergénérationnel mais je regrette que ses pratiques politiciennes viennent parasiter sa motivation.