Aujourd’hui sur son blog, Alain Juppé a publié sa position contre l’ouverture du mariage aux couples de même sexe et réclame au mieux que le “pouvoir socialiste” renonce à cette réforme, au pire qu’il sollicite un référendum. Bien entendu, il prend soin préalablement de jurer cracher qu’il n’est pas homophobe et qu’il est même favorable à une union civile.
Dans son billet, Alain Juppé déclare que “l’institution du PACS a été une avancée importante vers l’égalité des droits entre homos et hétéros“. Il oublie toutefois de préciser qu’il a voté contre ce texte et qu’il s’est bien gardé de rappeler à l’ordre ses troupes quand elles tenaient des propos plus abjects les uns que les autres.
Alain Juppé prétend ensuite que “la notion et le mot de mariage dont la charge historique et culturelle est très forte devraient être réservés à la sphère religieuse et privée“. Cette affirmation aurait un sens s’il en déduisait qu’il fallait dans ce cas supprimer toute référence au mariage dans le code civil. Au lieu de ça, elle lui sert à expliquer que le mariage (civil) doit être réservé aux hétérosexuels et qu’il faut donc créer une union (civile) pour les homosexuels. Autrement dit, Alain Juppé s’appuie sur le supposé caractère religieux du mariage pour refuser que la loi républicaine puisse être ouverte aux couples homosexuels. Et pour donner de la force à sa démonstration, il cite en grand républicain qu’il est, les propos d’un homme d’Église …
Mais Alain Juppé ne se contente pas de refuser que la loi républicaine soit la même pour tous, il nous dit également combien cette réforme remettrait en cause “l’institution familiale qui, dans un monde instable, demeure l’une des références solides de nos sociétés“. Il y a donc d’un côté la famille au sens noble, au sens institutionnel, celle du papa, de la maman et des enfants. De l’autre, il y a le reste : des ersatz de quelque chose qu’on ne voudrait pas appeler famille, parce que la famille, c’est comme le mariage, c’est sacré, c’est figé. Pour Alain Juppé, dont le logiciel intellectuel sur ces questions s’est grippé il y a déjà quelques décennies, des enfants qui ne seraient pas élevés par un papa et une maman ne méritent donc pas d’être considérés de la même manière que les enfants appartenant à une famille nucléaire.
Parce qu’il faut faire un peu de sensationnel, Alain Juppé reprend à son compte les arguments caricaturaux des “anti” comme la référence à la gestation pour autrui jamais évoquée ni par le Gouvernement ni par la majorité ainsi que la pseudo suppression de “père et mère” du code civil. Enfin, il rejette singulièrement l’idée que le “bonheur de l’enfant adopté” puisse suffire à légaliser l’adoption par des couples homosexuels. Dans tous les cas nous assène-t-il, il n’y a déjà pas suffisamment d’enfants adoptables pour les hétéros, ce n’est pas pour ouvrir cette possibilité aux homosexuels.
Alain Juppé débute son billet par cette phrase : “L’homophobie est un fléau dont il faut combattre toutes les formes, les plus brutales comme les plus insidieuses“. La forme la plus insidieuse de l’homophobie c’est celle qui se drape dans ses habits de vertu pour finalement faire une distinction entre les couples hétérosexuels et les couples homosexuels. L’homophobie la plus insidieuse c’est celle qui théorise avec des mots choisis et un langage soutenu la supériorité de l’hétérosexualité sur l’homosexualité. Toute forme de dépréciation de l’homosexualité est de l’homophobie.