Monsieur le Maire de Bordeaux,
Le 28 mars 2011, le Conseil municipal de Bordeaux a voté une convention de mise à disposition du stade CHABAN DELMAS, propriété de la Ville, en faveur de la société de production de Johnny HALLYDAY pour que ce dernier puisse le 3 juillet 2012 y tenir un concert.
Vous n’ignorez pas que tout récemment M. HALLYDAY a déclaré au cours d’un entretien télévisé : “Alain Delon c’est un vrai mec de toute façon. Je pense pas être un pédé moi non plus hein, bon.”. Ces propos publics, en plus de comporter une insulte à proprement parler, considèrent que les homosexuels seraient des sous-hommes. Ces allégations nauséabondes participent à entretenir ce substrat si favorable aux violences homophobes.
Vous le savez peut-être, Bordeaux est le théâtre de nombreuses agressions contre les personnes homosexuelles. En effet, au cours des trois derniers mois, nous avons déploré sept attaques particulièrement graves (deux victimes au Miroir d’Eau, une dans le quartier du Jardin Public, deux à Mériadeck, une à Bordeaux Lac).
Les moyens à disposition des associations qui militent contre les discriminations sont pourtant très faibles. Ainsi, la Mairie de Bordeaux octroie à la lutte contre l’homophobie moins de 3.500 euros par an. Vous devez rapprocher cette somme dérisoire des 200.000 euros que constitue la remise consentie à M. HALLYDAY dans la location du Stade.
Vous comprendrez alors que les symboles peuvent revêtir une importance capitale et que le positionnement des acteurs publics est fondamental. Votre délibération de mise à disposition du Stade CHABAN DELMAS déclarait : “compte tenu de la grande popularité de Johnny HALLYDAY et de l’intérêt de l’organisation d’un tel concert pour le rayonnement de Bordeaux, il nous a paru intéressant de réserver une suite favorable [à la demande de mise à disposition du stade]“.
Les propos homophobes tenus par M. HALLYDAY doivent vous inciter à revenir sur votre position. La popularité de ce chanteur offre une chambre de résonance exceptionnelle à son discours. Par ailleurs, il nous semble qu’il n’y a rien de glorieux ni de particulièrement intéressant pour le rayonnement de Bordeaux dans l’accueil d’un chanteur considérant qu’être homosexuel c’est être un sous-homme.
Nous ne réclamons pas la censure de M. HALLYDAY, nous disons simplement que l’argent et les biens publics ne doivent pas lui faciliter la tâche. Nous espèrons que vous entendrez cette requête Monsieur le Maire et que vous proposerez la rupture de la convention de mise à disposition du Stade à Johnny HALLYDAY.