Monsieur le Maire,
En novembre 2012, les autorités de Saint-Pétersbourg, ville jumelée avec Bordeaux, promulguaient une loi stigmatisant et réprimant les personnes homosexuelles. Depuis, cette législation s’est étendue à tout le pays, entraînant une montée des violences homophobes en Russie. Il est grand temps que Bordeaux réagisse !
Lors de votre dernier déplacement officiel à Saint-Pétersbourg, vous avez refusé d’évoquer auprès de vos homologues la situation critique à laquelle sont confrontées les personnes lesbiennes, gays, bi et trans dans cette ville. J‘avais pourtant attiré votre attention lors de la commission municipale du 4 décembre dernier, la veille de votre déplacement en Russie, sur les témoignages des militants LGBT Russes qui étaient, à l’époque déjà, très alarmants.
Le résumé que vous proposez sur le site internet de la commune concernant le jumelage entre nos deux villes évoque une “coopération bâtie sur un lien culturel fort, un positionnement géostratégique déterminant et une amitié solide“. Vous allez jusqu’à insister sur un “véritable dialogue des cultures“. Une amitié solide suppose pourtant une certaine franchise et des valeurs communes. Comment peut-on affirmer par ailleurs qu’il y a dialogue, quand les sujets les plus graves sont passés sous silence ?
Aujourd’hui en Russie, des groupes s’attaquent directement et en toute impunité aux homosexuels. Ces milices déclarent vouloir “guérir le pays” par la force. Brimades, humiliations, tortures, rien n’est épargné aux victimes de ces hordes barbares confortées par les errements d’un pouvoir politique enfermé dans ses préjugés.
Bordeaux, qui entend porter les valeurs d’humanité et de tolérance, notamment au travers de ses jumelages, se doit aujourd’hui de réagir. Vous donnez régulièrement des conseils publics à l’adresse du Parlement et du Gouvernement quant à la manière dont la France doit envisager ses relations internationales. Vous avez aujourd’hui l’occasion de faire mentir l’adage selon lequel “les conseilleurs ne sont pas les payeurs” en décidant d’agir et suspendre le jumelage entre Bordeaux et Saint-Pétersbourg.
Les autorités de Reykjavik et de Berlin envisagent de faire de même avec Moscou, leur ville jumelle. Par ailleurs, des femmes et des hommes politiques, journalistes, sportifs ont dernièrement exprimé leur indignation face à ces lois scélérates. Certains ont pris de vrais risques pour le faire. Rejoignons-les ! La suspension de ce jumelage est une protestation minimale. Émanant d’un ancien ancien Premier Ministre, elle pourrait en entrainer d’autres et inviter le pouvoir politique Russe à revenir sur cette détestable législation. Nous avons les moyens d’agir, ne détournons pas le regard.