À Bordeaux, même quand on les baisse, les impôts augmentent !

Dans les couloirs du Palais Rohan, la majorité municipale préparait depuis quelques jours un petit de coup de communication : et si nous annoncions une baisse des impôts à Bordeaux ? Quelques jours auparavant, la ville de Talence a pu communiquer sur une telle mesure et elle a suscité l’engouement des médias locaux, jusqu’à obtenir la Une de notre quotidien régional.

Nicolas Florian n’a pas encore fait sa déclaration mais elle devrait intervenir dans les prochaines heures. Il dira qu’il baisse les impôts et que c’est là une décision historique. Malheureusement, cette mesure de Nicolas Florian est à la fois démagogique et injuste.

 

De quoi s’agit-il exactement ? Le Conseil municipal du lundi 25 mars va se prononcer pour ramener la taxe foncière sur les propriétés bâties d’un taux de 29,51% à 29,21 %. La majorité communiquera sur une baisse de 1%, il s’agit en réalité d’une diminution de 0,3 points du taux d’un impôt payé par les seuls propriétaires mais surtout, malgré cette baisse, l’impôt foncier va augmenter.

Les taux s’appliquent à des bases. Elles sont très fortes à Bordeaux, ce qui explique que parmi les grandes villes de France, Bordeaux est la 1ère la plus fiscalisée en matière de taxe foncière et 2ème concernant la taxe d’habitation. La baisse communiquée ne changera d’ailleurs pas ce classement.

Ces bases vont augmenter de 2,2% et donc l’impôt va augmenter. Prenons un appartement dans le centre de Bordeaux, d’une surface approximative de 70m2. Les bases en 2018 à Bordeaux pour ce logement étaient de 1500 euros et dans la mesure où le taux était de 29,51%, la part communale de l’impôt foncier est de 443 euros. L’année prochaine, pour ce même logement, les bases seront de 1533 (+2,2%). Avec le nouveau taux, la part communale payée sera de 448 euros, soit une hausse de 1,13%.

Il est donc démagogique de communiquer sur une baisse. Mais c’est aussi une mesure globalement injuste. Rappelons-nous qu’en 2017, le Maire de Bordeaux et son adjoint aux finances de l’époque, Nicolas Florian, avaient diminué l’abattement qui profitait plus particulièrement aux locataires les moins aisés.

En attendant le prochain dégrèvement total de la taxe d’habitation voulu par le Président de la République, Nicolas Florian pouvait temporairement restaurer l’abattement antérieur. Il était également possible d’imaginer au bénéfice des petits propriétaires des aides pour atténuer le poids de la taxe foncière. Ce ne sont pas les choix qui ont été faits et on ne peut que le regretter.

Cette décision est aussi le premier faux pas de Nicolas Florian vis à vis du fonctionnement démocratique du conseil municipal. Il avait juré la main sur le coeur lors de sa nomination qu’il travaillerait honnêtement avec l’ensemble des groupes politiques. Il se trouve qu’alors qu’il présidait lui-même la commission Finances de préparation du conseil municipal, et alors que cette mesure devait nous être présentée pour que nous puissions en débattre, il ne l’a pas fait, préférant tenter un coup politique et médiatique. C’est bien dommage.