Et si l’annonce du désengagement de M6 n’avait rien à voir avec la taxe 75% ?

stadeLundi 21 octobre But Football Club annonçait que Nicolas de Tavernost, patron de l’actionnaire des Girondins de Bordeaux, menaçait de quitter le club si la taxe à 75% était votée. Néanmoins, plusieurs éléments nous amènent à penser qu’il s’agit d’un prétexte bien commode et qu’une autre raison pourrait justifier la décision de M6.

D’abord, les rumeurs de vente par M6 du FCGB ne datent pas d’hier et en tout cas sont antérieures à l’actualité sur la taxe concernant les revenus dépassant 1 million d’euros. Ainsi, le 25 janvier le Parisien expliquait que « M6 serait prêt à accepter n’importe qu’elle offre de rachat » et la piste chinoise était évoquée.

Ensuite, M6 n’a pas cherché à compenser les pertes de recettes du club consécutives à sa dégringolade sportive. Au lieu d’investir dans une équipe ambitieuse, monsieur de Tavernost s’est montré plus que pingre (malgré les résultats très confortables du groupe M6) et a ainsi plusieurs fois déclaré que sa société « n’a pas vocation à être le mécène » du club.

Enfin, rappelons que les Girondins se sont engagés à payer un loyer de 3,85 millions d’euros par an pour occuper le Nouveau stade de Bordeaux (en plus d’un ticket d’entrée de 20 millions d’euros). On sait que cet engagement a été pris en 2009, alors que les finances du club étaient autrement moins désastreuses. Ce nouveau loyer est 30 fois plus important que celui qui est actuellement versé pour l’occupation de Chaban !

Autrement dit, les résultats du club dus au manque d’investissements de M6 laissent entrevoir de très mauvaises perspectives à l’actionnaire. On sait que de Tavernost cherche à rencontrer les grands élus et qu’il discutera d’ailleurs avec le Maire de Bordeaux ce mercredi pour parler du Nouveau Stade (rencontre programmée avant la polémique sur la taxe). Sachant que les deux protagonistes se sont déjà rencontrés il y a quelques mois sur ce même sujet, il y a fort à parier que le patron de M6 a de nouvelles demandes très précises.

Alain Juppé ayant prétendu le mois dernier que le gel du crédit bancaire (118 millions d’euros) n’avait pas d’impact sur la poursuite des travaux, on peut éliminer d’éventuelles craintes à ce sujet. Dernière hypothèse : la question financière. M6 pourrait réclamer une subvention aux collectivités territoriales mais cette éventualité est peu probable dans la mesure où celle-ci violerait le droit européen. Il reste donc la question des loyers du stade et une demande probable de les revoir à la baisse.

En d’autres termes, de Tavernost installe un climax opportun en brandissant la menace du départ de M6 avec un prétexte fallacieux pour mieux négocier une baisse des loyers. Si ce scenario se confirme, il restera à voir comment se comporte Alain Juppé. Jusqu’ici, ce dernier n’a pas fait montre d’une grande résistance face aux exigences de M6 …