En moins d’une semaine, Alain Juppé a fait deux déclarations tonitruantes concernant le Grand Stade de Bordeaux. Ainsi, il a exprimé des doutes au sujet de la pertinence de ce projet puis il a reconnu que l’UEFA n’entendait pas partager le gâteau des recettes de l’Euro 2016 avec les villes hôtes.
Pour Nietzsche, ce n’est pas le doute, c’est la certitude qui rend fou. Aussi, peut-être qu’Alain Juppé qui n’a jamais voulu entendre son opposition concernant la démesure financière d’un tel équipement est-il en train de revenir à la raison ? Malheureusement, c’est un peu tard. La ville est engagée par contrat à verser à Vinci 6,5 millions d’euros par an pendant 30 ans.
À propos de ses échanges avec Michel Platini, on peut là encore regretter l’amateurisme du Maire. Rappelons que pour justifier ce nouveau stade, Alain Juppé évoquait les normes imposées par l’UEFA aux enceintes sportives habilitées à accueillir le championnat. C’est donc d’abord pour obtempérer aux injonctions de l’UEFA que le Maire de Bordeaux a engagé la Ville dans un projet qui coûtera plus d’un demi milliard d’euros sur la durée du contrat. Que découvre-t-on aujourd’hui ? Aucune contrepartie financière n’a été préalablement exigée. L’UEFA n’entend pas partager avec les villes hôtes une partie des 900 millions d’euros de gains attendus pour l’Euro 2016 et dans la mesure où elle a déjà tout obtenu, on ne voit pas bien comment le Maire de Bordeaux entend lui imposer un rapport de force utile à la Ville. Si gouverner c’est prévoir, Alain Juppé est un bien piètre gouvernant.
Les annonces d’Alain Juppé concernant ce calamiteux dossier ne sont pas terminées et nous pouvons ici nous livrer à un exercice de divination. Dans les prochaines semaines, Alain Juppé devrait faire trois nouvelles déclarations :
« Une réflexion est engagée pour confier la gestion du nouveau Stade à la Communauté Urbaine de Bordeaux »
Rapidement insupportable pour les finances municipales, Alain Juppé va chercher par tous les moyens à faire payer par d’autres le loyer annuel dû à Vinci. C’est ainsi que le Maire de Bordeaux, Président de la CUB demandera aux 27 autres maires de l’agglomération d’accepter que l’établissement communautaire se substitue à la Ville dans le contrat qui la lie à Vinci.
« Le contexte budgétaire nous amène à augmenter les impôts »
Alain Juppé expliquera que c’est de la faute de l’État qui diminue les dotations et il arguera que les impôts n’ont pas augmenté depuis plusieurs années mais en réalité, il s’agira de payer les choix inconséquents du Maire de Bordeaux. Le temps de transférer le contrat à la CUB, il faudra bien trouver l’argent pour payer le loyer, d’autant que ce n’est pas le seul projet couteux engagé par le Maire : la ville commence en effet cette année à payer le loyer du PPP de la Cité municipale.
« Bordeaux doit aider son équipe de football »
Rappelons que le Maire de Bordeaux avait refusé nos amendements qui réclamaient que la Ville ne soit pas garante des redevances du club des Girondins. Alain Juppé les a rejetés si bien que si le FCGB ne peut plus payer son loyer, c’est la Ville qui le prend en charge. Or, il se trouve que les Girondins vont difficilement pouvoir régler ce nouveau loyer. Aujourd’hui, le club débourse environ 120.000 euros par an pour occuper Chaban. Dans le nouveau stade, il lui faudra payer chaque année 3,85 millions d’euros. Lorsque M6 a accepté le projet de nouveau stade et le loyer qui va avec, les comptes du club faisaient apparaître un bénéfice confortable. Malheureusement, les trois dernières années ont été catastrophiques pour les Girondins avec un déficit cumulé de 35,6 millions d’euros ! Autrement dit, il est fort probable que le scénario Marseillais se joue à Bordeaux et qu’un chantage subtil du club amène le Maire de Bordeaux à baisser la redevance réclamée aux Girondins en expliquant que la Ville se doit d’aider son équipe de football.
Nous mesurerons la qualité de notre exercice de divination aux prochaines annonces du Maire de Bordeaux.