Demain 14 février, le Maire du Mans réunit un conseil municipal extraordinaire pour présenter aux élus la situation financière alarmante dans laquelle se trouve sa ville. En cause, un contrat de partenariat public-privé signé en 2008 avec Vinci pour la réalisation du stade manceau (livré en 2011) qui rappelle aux élus qu’en cas de défaillance du Club, c’est la collectivité signataire qui règle la note. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la commune de Bordeaux est exposée aux mêmes risques dans le cadre du contrat de partenariat public-privé qui la lie à Vinci (via le société de projet Vinci/Fayat) pour la réalisation du nouveau Stade.
Rappelons que la Ville de Bordeaux s’est engagée à régler à Vinci (en plus des 75 millions d’euros de subventions publiques) une redevance annuelle de 11,8 millions euros (hors impôts évalués contractuellement à 2,65 millions d’euros par an). Vinci s’engage pour sa part à déduire de cette redevance des recettes nettes tirées de l’exploitation du stade (naming en particulier) pour un montant de 4,5 millions d’euros. Il reste donc, chaque année, à la charge de la commune la somme de 6,7 millions d’euros (hors impôts). La contribution des Girondins de Bordeaux est quant à elle de 3,8 millions d’euros sous forme de loyer versé chaque année à la Ville.
Si le Club des Girondins vient à connaître la même déconvenue financière que le Mans FC (et les récentes déclarations du patron de M6 à l’occasion des rumeurs de vente du club ne sont pas de nature à nous rassurer), la Ville de Bordeaux devra alors renoncer aux loyers du FCGB et pourrait donc être amenée à supporter un coût jusqu’à deux fois supérieur à celui imaginé initialement.
Pour éviter ce scenario, j’avais proposé au nom du groupe socialiste, lors du Conseil municipal du 31 mai 2010, d’amender la délibération proposée par le Maire. En évoquant le loyer dû par les Girondins, je faisais observer que “si cette somme peut être absorbée lors des bonnes saisons, elle représentera un coût exorbitant en cas de mauvais résultats sportifs. Sachant qu’on parle d’une durée de 30 ans, ces mauvais résultats sportifs, même si on ne le souhaite pas, sont à imaginer, donc ce n’est pas à la collectivité de payer en cas de défaillance du Club comme on a pu le connaître dans le passé“. L’amendement (n°2) proposé stipulait : “Le loyer dû par le Club pendant la durée du contrat ne pourra en aucun cas être garanti par la Ville de Bordeaux“. Le Maire rejeta mon amendement.
À propos de la situation mancelle, la Gazette des communes écrit : “La déconfiture financière du Mans FC pourrait coûter cher aux contribuables locaux. L’enjeu n’est pas tant de sauver le club de football que de devoir, le cas échéant, rembourser des millions d’euros à Vinci, constructeur et exploitant du stade. Preuve de l’importance du sujet, le maire Jean-Claude Boulard réunira le 14 février 2013 le conseil municipal extraordinaire.”.
L’aveuglement d’Alain Juppé et son entêtement à refuser de protéger la Ville contre les aléas sportifs et financiers inhérents au football professionnel pourraient amener Bordeaux à vivre le même spectacle.