Monsieur le Médiateur du journal Sud Ouest,
Lecteur quotidien du journal Sud Ouest depuis maintenant plusieurs années, c’est la première fois que je ressens le besoin de vous interpeller. Élu local, je suis concerné par de nombreux articles et parfois contrarié par certains d’entre eux mais jamais au point de prendre mon clavier pour écrire au médiateur du journal. Un grand débat de société s’est installé en France depuis quelques semaines à l’occasion du projet de loi ouvrant le mariage aux couples de même sexe et j’ai le sentiment amer que Sud Ouest a ostensiblement choisi le camp de ceux qui s’y opposent.
Si les articles factuels sont d’après moi parfaitement équilibrés (les mobilisations des deux bords sont couvertes équitablement), ce n’est absolument pas le cas des éditoriaux. Selon la définition qu’en apporte le dictionnaire, en journalisme, un éditorial est un article qui reflète la position de l’éditeur ou de la rédaction sur un thème d’actualité. Sud Ouest compte trois éditorialistes et à ce jour seule une expression, hostile au mariage pour tous, se retrouve dans les colonnes éditoriales. Autrement dit la rédaction de Sud Ouest prend unanimement position contre ce projet de loi.
Il est sain que la presse d’opinion existe. Je ne trouve pas choquant qu’un journal affiche sa préférence et le lecteur doit pouvoir choisir son périodique en connaissance de cause. On comprend que le Figaro, au regard de sa charte éditoriale, de son histoire et de son positionnement se prononce contre ce projet de loi. Tout comme le journal Libération est parfaitement cohérent quand il s’affiche en faveur de ce texte.
Dans ce cas me direz-vous, pourquoi Sud Ouest ne pourrait-il pas également, sous la plume de ses éditorialistes et plus particulièrement sous celle de l’un d’entre eux, marquer sa préférence ? Pour deux raisons au moins : unicité et proximité. Unicité d’abord parce que Sud Ouest est le seul quotidien régional, ce qui en fait le journal de tous et non celui de lecteurs plutôt à droite ou plutôt à gauche. Proximité ensuite parce qu’il y a un lien quasiment intime avec le journal qui vous accompagne quotidiennement, qui vous rend compte de l’actualité locale, qui vous fait découvrir des territoires et des acteurs régionaux. Je ne crains pas de dire que j’aime ce journal ni que je me sens presque blessé lorsque sur un sujet de société il prend parti sans nuance.
Je crois que des éditoriaux défavorables à ce projet de loi ont toute leur place dans les colonnes du journal mais je suis également persuadé qu’ils ne peuvent pas être les seuls à régner.
Veuillez agréer, Monsieur le Médiateur, l’expression de ma haute considération.