Ce vendredi 28 septembre, lors du Conseil de CUB, Alain Juppé et son groupe ont quitté la séance. Le Maire de Bordeaux n’a pas apprécié que notre président de groupe, Alain Anziani, exige que je sois considéré avec le même respect que n’importe quel élu, même si je suis son opposant. Ce rappel à l’ordre intervenait après que mon discours ait suscité un tollé de la droite. Alain Juppé a répondu à l’adresse d’Alain Anziani que son propos était ridicule et qu’il n’avait aucun respect pour moi. Voici le texte de mon intervention qui a mis le Maire de Bordeaux hors de lui.
Monsieur le Président, mes chers collègues,
Cette délibération est sur le fond un acte politique important qui a vocation à réduire les difficultés que connaissent plusieurs familles sur le territoire de la CUB et plus particulièrement sur celui de la ville de Bordeaux. Mais c’est aussi, Monsieur le président, le symbole qui permet de constater où sont les diseux et où sont les faiseux.
Incontestablement, cette délibération prouve que la CUB a pris a bras le corps cette question de la résorption de l’habitat précaire. On est bien entendu sur une compétence État mais comme pour les phases précédentes, nous affirmons avec cette délibération, la volonté qui est la nôtre de trouver des solutions.
C’est donc évidemment moins tant notre participation à cette MOUS qui fait débat que le désengagement de la Ville de Bordeaux dans le plan de financement. Alors que la Ville était partie prenante de la deuxième phase, pourquoi aujourd’hui renoncer à poursuivre ? Ce refus de participer à cette politique est d’autant plus singulier que le Maire de Bordeaux cherche par tout moyen à passer pour un bon élève. L’expression publique du Maire en la matière est inversement proportionnel aux efforts qu’il consent à trouver des solutions.
Par ailleurs, cette MOUS s’inscrit nécessairement dans une politique plus globale. Nous ne parviendrons pas à remplir les missions rappelées dans cette délibération si nous ne regardons pas toutes les marches de l’escalier qui mènent à un logement traditionnel. Ces marches sont l’hébergement d’urgence, le logement temporaire, le logement social puis le parc privé.
Comment grimper s’il manque des marches ? C’est tout l’enjeu de la loi SRU et des 20% de logements sociaux aujourd’hui portés à 25%. Michèl Duchène expliquait que nous ne pouvons pas parler de pourcentage, qu’il fallait parler de valeurs absolues. Chiche Monsieur Duchène. Pour atteindre l’objectif de 25%, il manque 11.948 logements sur la CUB dont 64% sur Bordeaux. Il manque aujourd’hui à Bordeaux 5336 logements pour atteindre les 20% et plus de 7600 logements pour parvenir à 25%. Et compte-tenu de la très mauvaise volonté du Maire de la ville pour inverser la vapeur, on ne parvient pas à créer cette marche dont je parlais et sans laquelle l’édifice de la politique de logement ne peut s’élever.
La déclaration d’Alain Juppé il y a quelques minutes concernant le risque faire d’Euratlantique un ghetto si on prévoit davantage de logements sociaux prouve combien le Maire de Bordeaux est totalement déconnecté des réalités, ça en est presque, excusez moi de le dire, affligeant. Dans le cadre du PNRQAD, nous avons tous voté et Alain Juppé a voté une délibération accompagnée d’une étude. Cette étude montre qu’aujourd’hui 90% des locataires bordelais sont éligibles au logement social. Autrement dit, quand Alain Juppé brandit de manière la plus caricaturale qui soit le risque de ghetto, il stigmatise purement et simplement 90% des bordelais qui ne sont que locataires de leur appartement. Les bailleurs sociaux ont une liste d’attente de 13.000 de logements sociaux à Bordeaux.
Avec le tableau qui nous a été communiqué, il n’y a plus de place à l’interprétation. Entre 95 et 2011, Mérignac augmente de 5% sa part de logement social, Gradignan : + 8 %, Pessac + 6%, même Lormont, qui n’est pourtant pas en retard en la matière, augmente de 6%. À Bordeaux, on passe de 14,2% de logements sociaux à 16%, soit une augmentation de 1,8%
Pour conclure, évidemment qu’il faut voter cette délibération mais il faut comprendre que la mauvaise volonté de la Ville de Bordeaux handicape sérieusement la satisfaction des objectifs attendus.