Les tarifs d’occupation du domaine public par les terrasses des cafés, les restaurants ou les vendeurs divers viennent d’être revus à la hausse.
Après avoir rénové ou étendu les espaces livrés aux piétons, terrain de prédilection des terrasses de cafés, la Ville est-elle tentée d’en faire sa nouvelle vache à lait en réclamant des droits d’occupation de plus en plus onéreux ? C’est en tout cas l’accusation portée hier en Conseil municipal par l’opposition socialiste, après le vote des nouveaux tarifs d’occupation du domaine public. Habitué à décocher des flèches trempées dans le vinaigre, le conseiller municipal PS Matthieu Rouveyre s’est rué sur le sujet : « Vous décidez de manière brutale d’augmenter les droits d’occupation. Les cafés et restaurants sont votre nouvelle cible. Vous cherchez par tous les moyens à remplir les caisses de la ville. Les commerces sont votre vache à lait ! »
« Pas de concertation »
Matthieu Rouveyre appuie sa charge sur les chiffres suivants : hausse de 33,5 % de la taxe pour une terrasse ouverte en secteur sauvegardé, et de 156 % pour une terrasse fermée, par rapport aux tarifs de 2011. « En plus, il n’y a pas eu de concertation avec les commerçants. Pourtant, quand vous êtes en campagne électorale, vous savez trouver les coordonnées de chaque commerçant », a-t-il ajouté en fixant Alain Juppé. Lequel n’a pas bronché, ce qui est rare lors d’une intervention de l’opposant qui l’agace le plus. C’est Jean-Louis David, l’adjoint chargé de la voie publique, qui est monté au créneau. « Entendre Matthieu Rouveyre défendre les commerçants du centre-ville, cela me fait venir le sourire au coin des lèvres. Je rappelle que le dernier tarif en vigueur est de 52,35 € par mètre carré par an, c’est ce qui avait été voté en 2011. Or, aujourd’hui, on propose de passer à 53,40 €/m²/an. » Commentaire d’Alain Juppé : « la hausse équivaudra au prix de deux ou trois cafés… »
Publié le 25/09/2012 à 06h00
Par denis lherm
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Les trottoirs de la ville vont devenir plus onéreux
Les tarifs d’occupation du domaine public par les terrasses des cafés, les restaurants ou les vendeurs divers viennent d’être revus à la hausse.
S’il existait encore, l’ex-café Le Régent, place Gambetta, paierait sensiblement plus cher pour sa terrasse, équipée d’un mode de chauffage aujourd’hui jugé indésirable.
S’il existait encore, l’ex-café Le Régent, place Gambetta, paierait sensiblement plus cher pour sa terrasse, équipée d’un mode de chauffage aujourd’hui jugé indésirable. (archives « sud ouest »)
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Après avoir rénové ou étendu les espaces livrés aux piétons, terrain de prédilection des terrasses de cafés, la Ville est-elle tentée d’en faire sa nouvelle vache à lait en réclamant des droits d’occupation de plus en plus onéreux ? C’est en tout cas l’accusation portée hier en Conseil municipal par l’opposition socialiste, après le vote des nouveaux tarifs d’occupation du domaine public. Habitué à décocher des flèches trempées dans le vinaigre, le conseiller municipal PS Matthieu Rouveyre s’est rué sur le sujet : « Vous décidez de manière brutale d’augmenter les droits d’occupation. Les cafés et restaurants sont votre nouvelle cible. Vous cherchez par tous les moyens à remplir les caisses de la ville. Les commerces sont votre vache à lait ! »
« Pas de concertation »
Matthieu Rouveyre appuie sa charge sur les chiffres suivants : hausse de 33,5 % de la taxe pour une terrasse ouverte en secteur sauvegardé, et de 156 % pour une terrasse fermée, par rapport aux tarifs de 2011. « En plus, il n’y a pas eu de concertation avec les commerçants. Pourtant, quand vous êtes en campagne électorale, vous savez trouver les coordonnées de chaque commerçant », a-t-il ajouté en fixant Alain Juppé. Lequel n’a pas bronché, ce qui est rare lors d’une intervention de l’opposant qui l’agace le plus. C’est Jean-Louis David, l’adjoint chargé de la voie publique, qui est monté au créneau. « Entendre Matthieu Rouveyre défendre les commerçants du centre-ville, cela me fait venir le sourire au coin des lèvres. Je rappelle que le dernier tarif en vigueur est de 52,35 € par mètre carré par an, c’est ce qui avait été voté en 2011. Or, aujourd’hui, on propose de passer à 53,40 €/m²/an. » Commentaire d’Alain Juppé : « la hausse équivaudra au prix de deux ou trois cafés… »
Les terrasses désirées et les autres
Faire payer plus cher les cafetiers et restaurateurs qui tirent un maximum de profit de l’embellissement de la ville, dans des espaces envahis de promeneurs, après tout, cela peut sembler normal. Mais la nouvelle grille tarifaire, votée hier, introduit une autre notion sur laquelle l’opposition a réclamé sans succès des précisions. En effet, certains tarifs connaissent une augmentation particulièrement forte, en quelque sorte pour décourager certaines formes d’occupation du domaine public. Hier, Jean-Louis David a donné quelques exemples. Un cafetier qui utilise des appareils de chauffage sur sa terrasse sera ainsi considéré comme n’appliquant pas la religion municipale en matière de développement durable. Il paiera sensiblement plus cher. Idem pour les terrasses fermées, utilisant des équipements difficilement démontables et qui finissent par devenir des sortes d’extensions définitives et en dur sur le domaine public. Ici aussi, ce sera plus cher. C’est ce que la mairie appelle « l’institution de tarifs à caractère dissuasif pour les accessoires ou activités que la Ville souhaite limiter ».
Selon cette nouvelle grille, les tarifs évoluent désormais en fonction de deux secteurs : la voie publique d’un côté, le secteur sauvegardé ou aménagé de l’autre côté. Le tarif de base (voie publique) pour une terrasse ouverte : 27,83 €/m2/an. En secteur sauvegardé ou aménagé : 53,40 €/m2/an. Le tarif le plus élevé : 1 415 € par mois pour un bureau mobile de vente (en secteur sauvegardé). Les écrans publicitaires, tableaux, affiches et appels commerciaux : de 142,70 à 461,56 €/m2/an. Enfin, les appareils distributeurs ou conservateurs agréés, rôtisseries : 352,70 €/m2/an sur la voie publique, 705,39 €/m2/an en secteur sauvegardé. Le poulet va coûter plus cher.
Du point de vue de la municipalité, le centre-ville est devenu bien plus attractif, au gré des travaux d’embellissement et de libération d’espaces autrefois abandonnés aux voitures. Une refonte des droits perçus par la commune pour l’occupation de ces espaces était devenue nécessaire. Il est vrai que cohabitaient plus de 200 tarifs différents.
Moins cher à Bordeaux
Désormais, il n’y aura plus que deux secteurs (voie publique et secteur sauvegardé/aménagé), au lieu de trois auparavant (lire ci-dessus). Et le prix au mètre carré sera plus élevé pour les cafetiers, restaurateurs, kiosquiers et autres démarcheurs publicitaires. Mais, affirme Jean-Louis David, « il reste moins cher à Bordeaux que dans la plupart des autres grandes villes de France. L’occupation du domaine public s’élève à 65 €/m²/an à Nantes, 73 € à Toulouse et 90 € à Lyon, alors que c’est seulement 53 € à Bordeaux. Nous avons une liste de 150 demandes de création ou d’extension de terrasse. C’est une pression permanente. La hausse des tarifs a été discutée et négociée entre l’administration municipale et les syndicats de commerçants. » Pour Alain Juppé, « le chiffre d’affaires généré par les mètres carrés de terrasse supplémentaires est infiniment supérieur à la hausse. Et je prends le pari qu’elle n’entraînera pas la moindre réduction de la surface des terrasses, même si c’est plus cher. »