Voici mon intervention au Conseil municipal du 16 décembre 2013. Monsieur le Maire, ce budget 2014 est la traduction en chiffres de vos choix et priorités politiques. Cela ne vous étonnera pas, nous les dénoncerons. Les documents budgétaires sont partiellement opaques et il révèlent des choix qui hypothèquent l’avenir l’avenir et qui méprise le quotidien.
Un budget opaque
Lorsqu’on regarde la répartition de votre budget par fonction, on constate l’explosion des dépenses non fléchées. Ce sont les dépenses rangées dans les « opérations non ventilables ». Ce sont 70 millions d’euros qui ne sont pas affectés à une politique identifiée. Alors, bien entendu, on peut comprendre que certaines sommes ne sont pas ventilables sur une politique en particulier, mais 14%, c’est 6 à 7 fois plus qu’ailleurs. Par ailleurs, c’est 132% de plus que l’an dernier sans qu’aucune explication dans ce budget ne soit donnée.
Autre manque de transparence, la partie investissement. Évidemment, vous ne pouviez pas dissimuler les chiffres alors vous vous y êtes pris autrement. Pour la première fois depuis plus d’une décennie vous n’avez pas présenté de graphique et pour cause. 80% du budget investissement est vampirisé par la Cité du vin. Après le Grand Stade, encore un équipement de prestige qui vient supprimer les investissements nécessaire pour les crèches, écoles, résidences pour personnes âgées et autres équipements sportifs de proximité.
Un budget qui hypothèque l’avenir
En introduction Monsieur Martin expliquait combien la Ville avait un endettement acceptable. C’est un point qu’on reconnaissait nous-même chaque année. Néanmoins, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Lorsqu’on regarde l’encours de la dette par habitant, il a augmenté de 21% en 3 ans. Vous avez réussi à faire peser sur chaque bordelais une dette 20% plus lourde que celle qui existait il y a 3 ans. Et ce stock de dette et donc l’annuité qui en découle sont pérennes car on parle des investissements comme le Grand Stade dont le contrat porte sur 30 ans. Cette dynamique est alarmante car elle neutralise la ville qui voudrait investir pour des équipements de services publics.
Un budget qui méprise le quotidien
Alors que le budget augmente de 6,44%, on peut savoir en prenant ce chiffre quelles sont les politiques qui baissent. Toutes celles qui sont en dessous des 6,44% d’augmentation baissent donc par rapport à ce que vous leur consacriez en 2013. Ces politiques qui baissent sont : la sécurité et la salubrité publique, la culture, le sport et la jeunesse, le social et la famille. Je ne reviendrai pas sur chacune d’elles. Concernant le sport et la jeunesse, la baisse est de 48,12% mais elle s’explique par la fin de la provision du Grand Stade. Toutefois, il faut tout de même noter que dans le sport, vous baissez le budget alloué au sport éducatif et la gestion des équipements.
Bien entendu, c’est sur le social que je souhaite attirer l’attention. Mais avant toute chose, il faut s’attarder sur la méthode retenue. Vous cherchez à noyer le poisson en brandissant des chiffres qui n’ont strictement aucune réalité comptable. Nous prenons quant à nous les chiffres qui sont sont communiqués dans ce budget et dont les imputations engagent la responsabilité du comptable public. Autrement dit et depuis la loi organique relative aux lois de finances, on peut comparer le budget des grandes villes. Il suffit de se reporter aux grands chapitres de la présentation du budget par fonction. Les règles qui s’imposent à Bordeaux sont exactement les mêmes que celles qui s’appliquent à Toulouse, Grenoble, Marseille ou Pessac. Pour le social en 2014, ce chiffre est de 12.659.245 euros. C’est à dire que quand la ville dépense 100 euros, seulement 2,51 euros va à la politique sociale. Si vous avez augmentez le budget consacré au logement, il reste tout à fait insuffisant. Sur 100 euros dépensés, seulement 1,34 euros vont à la politique logement. C’est grandement insuffisant notamment au regard du manque cruel de logement sociaux que nous déplorons à Bordeaux. Autre donnée alarmante, la suppression des effectifs dans deux filières importantes. Ainsi, la filière médico-sociale et la filière sociale perdent à elles deux 30 emplois. Pourquoi dans une ville dans laquelle 20% de la population vit sous le seuil de pauvreté, on baisse un budget social déjà ridicule et on sabre dans les effectifs de ceux qui doivent notamment de s’occuper de cette problématique ?
Vous l’avez compris, vous nous proposez un document budgétaire que nous considérons opaque, qui hypothèque l’avenir et qui méprise le quotidien. Dans ces conditions, nous voterons contre ce budget 2014.