Vendredi 4 avril, Monsieur Djilamani, résidant en France depuis 20 ans se rend à la préfecture de la Gironde pour retirer un dossier d’étranger malade. Cet homme est invalide à 80% : à moitié sourd, il est par ailleurs atteint d’un glaucome, et ne voit donc donc quasiment plus. C’est sur les conseil de Médecins du Monde et en possession d’un certificat médical qu’il se rend seul aux guichets de la préfecture. Cette démarche fait suite à un précédent refus de la préfecture de délivrer une autorisation de séjour à cet Algérien parfaitement intégré dans notre pays. Avec son nouveau certificat, il n’y a plus aucune raison de le débouter car Médecins du Monde atteste que toute interruption du traitement de Monsieur Djilamani rendrait sa cécité totale et immédiate. Grande première : profitant de son évidente vulnérabilité et du fait qu’il soit seul, la préfecture le signale très vite la Police de l’air et des frontières. Celle-ci ne tarde pas à amener Monsieur Djilamani au Centre de rétention administrative en vue d’une expulsion rapide. Samedi 5 avril, au lendemain de son arrestation, le juge des liberté et de la détention a eu à examiner l’affaire Djilamani. Avec trois autres membres du Réseau Education Sans Frontières, je me suis rendu à l’audience pour apporter mon soutien à Monsieur Djilamani. Jugeant que l’arrestation était illégale, le magistrat a ordonné la remise en liberté de Monsieur Djilamani. Ce procédé détestable témoigne d’une volonté manifeste d’expulser à peu de frais. Comment inciter les étrangers à effectuer les démarches nécessaires à leur régularisation s’ils ne peuvent avoir la moindre confiance en l’autorité compétente ? Non seulement la politique actuellement suivie par notre pays en matière d’immigration est particulièrement indigne de la France mais en outre elle crée un climat de terreur qui dissuade les sans-papiers de simplement demander leur régularisation. Ainsi, le jour même de l’arrestation de Monsieur Djilamani, un jeune homme de vingt-neuf ans est mort peu après s’être jeté dans la Marne pour échapper à un contrôle d’identité. Les conditions de l’arrestation de Monsieur Djilamani attestent du fait que la préfecture prend un virage dangereux à la seule fin de “soigner” ses statistiques à défaut de soigner un homme malade. Le Préfet doit personnellement présenter ses excuses. Il est en outre essentiel qu’il renonce formellement à recourir à de telles méthodes à l’avenir.
La Préfecture de la Gironde vient d’être condamnée pour avoir franchi un pas inacceptable dans la traque aux sans papiers : l’arrestation en préfecture !
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6 avril 2008
22 mai 2008
Décidément, l’homme n’apprendra jamais rien. Notre histoire à pourtant montré à maintes reprises que la chasse à la différence n’améliore pas la vie des "chasseurs". Elle ne permet que de mettre en évidence les aspects les plus répugnants de l’être humain.
Il faut aider les autres. Notre bien être et notre salut ne sera que dans la main tendue.
26 mai 2008
Que l’administration française et particulièrement préfectorale, est prompte à renouer avec de nauséabondes pratiques dans lesquelles elle s’esr brillamment distinguée dans un passé peu glorieux pour la France !
Est-ce à dire que le virus était là, tapi bien au chaud au fond des consciences, prêt à reflamber dès que le moment serait propice ?
Et cette fois l’on ne peut accuser un quelconque occupant qui menacerait notre sécurité en cas de non respect des quotas. Non ! L’occupant est un pouvoir dévoyé qui a fait de la lutte contre l’étranger et la peur de l’autre, l’argument fer de lance de sa campagne et de son triomphe que l’on sait acquis grâce à d’obscures collusions dont les maîtres des forges semblent maîtriser les arcanes. Mais cela sera-t-il clairement dit un jour ?
Bravo pour votre engagement et votre lutte !