« Incité gonfle artificiellement son bilan » 20minutes Bordeaux, 02/10/09

((/v2/public/logo20minutes.jpg|logo20minutes.jpg|L|logo20minutes.jpg, oct. 2009)) Vous venez de démissionner de la société d’économie mixte (SEM) InCité, chargée du programme de renouvellement du centre historique de Bordeaux. Pourquoi ? Matthieu Rouveyre : Je suis devenu administrateur, il y a un an, car je voulais connaître des chiffres qui ne sont pas présentés au conseil municipal, contrairement aux autres SEM. Quand j’essaie d’aborder le sujet en conseil, ça bloque… Tout ce qui entoure InCité est opaque. Et vous critiquez son inefficacité en terme de création de logements sociaux ? InCité se revendique bailleur social, mais on a surtout besoin de créations de logements. Elle fait d’abord dans le privé. En 2008, son bilan montre qu’il n’y a eu aucune création de logements sociaux, alors que 1 920 demandes lui ont été adressées. Sur son site, la SEM dit avoir réhabilité 1 450 logements depuis 2002, dont 59 % dédiés au social… Dans le rapport de gestion 2008, il est écrit que sur 113 attributions, seuls 33 concernent des logements conventionnés. L’essentiel de son activité correspond donc à celle d’une agence immobilière ! Et InCité gonfle artificiellement son bilan : par exemple, pour le foyer de jeunes travailleurs le Levain, ils se sont imposés en tant que maître d’ouvrage pour pouvoir comptabiliser les logements créés dans leur bilan, mais ils n’ont pas mis la main à la poche [ils affirment pourtant avoir investi 240 000 euros]. Ou alors, la société justifie qu’elle fait du logement social en parlant des créations à Sainte-Eulalie. C’est du tri social. Au final, c’est surtout la politique municipale que vous dénoncez ? Je pense qu’InCité est un outil formidable, mais il est dévoyé. Je suis intimement convaincu qu’il y a une volonté de ne pas faire de logements sociaux à Bordeaux. Quand on a un quart de la population sous le seuil de pauvreté, il faut arrêter avec le festival Evento et le Grand Stade, et plutôt se concentrer sur les vrais problèmes. Ce n’est pas responsable car le logement, c’est la base de tout. Recueilli par Orianne Dupont