((/v2/public/logo.jpg|Logo Sudouest.com||Logo Sudouest.com, mai 2009)) __Avant le conseil municipal de lundi, le PS sort un rapport de la Chambre régionale des comptes qui émet quelques réserves sur la politique sociale d’InCité__ Depuis plusieurs mois, la municipalité et son opposition socialiste se jettent des anathèmes à la figure au sujet d’InCité, cette société d’économie mixte (SEM) créée par la Ville en 1957 et orientée à partir de 2002 vers des missions nouvelles de requalification urbaine, notamment du centre historique. Le conseiller municipal PS Matthieu Rouveyre s’est mué en héraut des opposants à la politique municipale en matière de logement social, ce qui en fait la bête noire d’Alain Juppé. Le prochain conseil municipal, lundi, ne devrait pas contribuer à améliorer leurs relations. « Une agence immobilière » En effet, le contenu du rapport d’observations définitives de la Chambre régionale des comptes, que l’État avait commandé pour préciser la situation du logement social dans les villes, va être divulgué dans cette assemblée, en principe à la fin des débats. Précisons-le d’emblée : ce rapport ne dévoile rien de sulfureux et s’en tient à un constat formel. Néanmoins, Matthieu Rouveyre a pu pointer quelques éléments qui, de son point de vue, permettent d’accréditer sa thèse : « La ville de Bordeaux écarte les plus pauvres de l’accès au logement locatif. » Le rapport révèle que jusqu’en 2002, la SEM a géré un parc de 2 868 logements locatifs comprenant 1 376 conventionnés. À partir de 2002, ce parc a progressivement été ramené à 1 715 logements dont 396 conventionnés. Conclusion de la chambre : « La SEM a désormais une activité limitée de bailleur social. Elle a toutefois récemment relancé son activité de construction et de réhabilitation de logements sociaux conventionnés. » Matthieu Rouveyre souligne quant à lui : « L’argent récolté par ces ventes n’a pas servi à créer d’autres logements sociaux et on en restera toujours à 396 logements sociaux en 2010. » Le conseiller socialiste estime qu’InCité est devenue « une agence immobilière classique qui gère 1 715 logements dont 1 319 à loyer libre, soit 77 % du total ». Il s’appuie encore sur le rapport pour indiquer que 64 % des locataires d’InCité (logements conventionnés ou non) font partie des 40 % de Bordelais les plus riches. Un tiers des locataires seulement sont en effet éligibles à l’Allocation pour le logement (APL). D’où la conclusion de l’élu PS : « La Ville participe au recyclage d’argent public au profit d’intérêts privés. De même, InCité a privilégié les intérêts des bailleurs privés au détriment des personnes susceptibles d’avoir un logement social. Dès lors, qu’on ne s’étonne plus si on retrouve autant de pauvres dans les villages ruraux. » Matthieu Rouveyre a également commenté le budget primitif de la Ville et fait cette constatation : « 1 605 000 euros étaient consacrés au programme habitat et logement en 2009 et curieusement, seulement 1 046 800 euros en 2010, soit une baisse de 34 % ». Coûts de réhabilitation Le rapport signale, dans un autre registre, que seulement 80 projets d’aide aux propriétaires occupants et aux accédants ont été soutenus alors que l’objectif initial était de 170. Mais il n’occulte pas un autre aspect : la taille généralement limitée des projets de logements sociaux qui ne permettent d’envisager que quelques unités de logements à restructurer par immeubles anciens. D’où des coûts importants de reconfiguration et de réhabilitation. Ce rapport fait-il vraiment avancer un dossier pas toujours très transparent, ou bien ne représente-t-il qu’un coup d’épée dans l’eau et un prétexte à des joutes politiciennes ? On pourrait ergoter à l’infini si la question du logement n’était pas si grave. Auteur : HERVÉ MATHURIN