Agressions homophobes du miroir d’eau : les auteurs condamnés

2012

Je représentais aujourd’hui l’association LGP Bordeaux au tribunal correctionnel de Bordeaux dans l’affaire des agressions homophobes du miroir d’eau. Voici notre réaction.

Le 20 septembre 2011 à Bordeaux, à hauteur du miroir d’eau, plusieurs hommes s’en sont violemment pris à trois jeunes à qui ils reprochaient d’être des « pédés ». Ces faits auraient pu s’inscrire dans la longue liste des témoignages sans suite que les associations LGBT (lesbiennes, gays, bi, trans) recensent chaque année si les victimes n’avaient pas décidé de porter plainte. Les agresseurs étaient aujourd’hui (21 septembre 2012) cités à comparaître devant le tribunal correctionnel pour répondre de leurs faits. L’association LGP Bordeaux s’est pour la première fois de son histoire constituée partie civile aux côtés des victimes.

Nous regrettons qu’aucun des agresseurs n’ait eu le courage de venir à l’audience. Seules les victimes étaient présentes et représentées (par Me Grosselle). Cette attitude de refuser de s’expliquer à la barre témoigne à la fois d’une certaine lâcheté mais également d’un sentiment d’impunité. En effet, les dépositions des auteurs lues par le Président du tribunal ne laissaient aucune place au doute. Tous ont déclaré « ne pas savoir qu’insulter quelqu’un de pédé était interdit par la loi ». L’homme poursuivi pour les violences physiques et blessures a ainsi affirmé aux policiers qui l’interrogeaient : « J’aime pas les pédés » avant d’ironiser sur le nombre de coups portés aux victimes.

Le procureur a réclamé pour chacun des deux hommes poursuivis pour insultes homophobes 600 euros d’amende. Pour l’auteur des violences physiques, il a réclamé un mois ferme. Ce réquisitoire un peu léger n’a pas été suivi par le tribunal. Les trois hommes ont été reconnus coupables des faits qui leurs étaient reprochés. Ils ont tous été condamnés à verser des dommages et intérêts aux victimes et à la LGP Bordeaux. Sur le volet pénal, les individus ayant proférés les insultes homophobes ont écopé d’une peine de 60 jours-amende (ils devront payer 900 euros chacun sans quoi ils seront envoyés en prison). L’homme poursuivi pour les violences aggravées a été condamné à 4 mois de prison fermes.

La LGP Bordeaux se félicite d’abord que les circonstances aggravantes en raison de l’orientation sexuelle aient été retenues. Nous saluons cette condamnation et nous espérons qu’elle participe à une prise de conscience. En tout état de cause, et c’est le sens de cette constitution de partie civile, la LGP Bordeaux entend désormais mener son combat non plus sur le seul terrain de prévention mais également sur celui de la répression. Nous souhaitons faire savoir aux victimes qu’à chaque fois qu’elles décideront de réagir, nous serons à leurs côtés pour les accompagner dans leurs démarches auprès des autorités de police et de justice.