Non content d’avoir déclaré la guerre aux épiceries de nuit, condamnant certaines à une mort prochaine (voir SudOuest du 4/09/12 : Les épiciers « à l’agonie » ), Alain Juppé décide aujourd’hui de s’en prendre aux commerces autorisés à occuper partiellement le domaine public. En effet, lors du conseil municipal de ce lundi 24 septembre, le Maire de Bordeaux proposera une délibération qui augmente fortement l’ensemble des droits d’occupation des espaces publics aménagés.
Ce nouveau matraquage fiscal, qui nous rappelle la lucrative politique de stationnement menée par le maire de Bordeaux depuis quelques années, a pour objectif de renflouer les caisses et ainsi préparer la ville à financer les projets pharaoniques d’Alain Juppé (Grand Stade, Centre culturel du Vin, Evento, …).
Selon le texte qui devrait être voté par la majorité UMP-Modem, les organisations professionnelles concernées ont été consultées. Toutefois, nous avons visité une vingtaine de commerces (restaurants et boutiques) et seulement deux d’entre-eux ont entendu parler de cette augmentation. Ces entreprises que nous avons interrogées, craignant des représailles de la Ville (qui accorde ou retire de manière discrétionnaire l’autorisation d’occuper l’espace public), préfèrent ne pas être citées. Elles ont toutefois évoqué les conséquences de cette nouvelle politique tarifaire. Certains commerces pourront supporter le coût supplémentaire réclamé par la ville mais devront dans tous les cas le répercuter sur le consommateur et c’est donc encore un peu plus le pouvoir d’achat des bordelais que l’on grignote. D’autres nous ont évoqué le risque de licenciement.
En effet, certains droits augmentent très fortement. Si on regarde les nouveaux tarifs 2013 applicables au secteur sauvegardé, il y a de quoi frémir. Ainsi, l’exploitant d’une terrasse fermée verra sa taxe bondir de 156% (92,93 euros/m2 à 238,68) En neuf ans, l’augmentation est de 226% (73,21 euros en 2004). En tout état de cause, toutes les terrasses supporteront une augmentation d’au moins 33,5% (le tarif de base passe de 40,02 euros le m2 à 53,40). En neuf ans, l’augmentation est de presque 70% (31,52 euros en 2004). Les restaurateurs ne seront pas les seuls à souffrir de ce redressement fiscal. Les boutiques jusque là autorisées à déballer leurs marchandises à l’extérieur devront également passer à la caisse. Certains ne se relèveront sans doute pas d’une telle mesure et compte-tenu du ciblage, on peut se demander si ce n’est pas voulu. Ainsi, le tarif préférentiel des commerçants du cours Victor Hugo (qui tenait compte des travaux mais également de la situation peu favorable de cette voie) disparaît. Alors qu’ils louaient le mètre carré 130,44 euros l’année, ils verront la note multipliée par trois (369,55 euros) ! Les commerces bordelais deviennent la vache à lait d’Alain Juppé !
D’autres éléments curieux ont été glissés dans cette délibération. Ainsi, on peut s’interroger sur l’augmentation (+11,20%) de la taxe qui frappe l’installation de jardinières. Alors qu’elles ont plutôt vocation à agrémenter -sans gêner la circulation des piétons- la voie publique, ces nouveaux droits pourraient pousser de nombreux commerçants à les retirer. Plus grave, cette mention dans les motifs du texte : « L’institution de tarifs à caractère dissuasif pour les accessoires ou activités que la ville souhaite limiter ». Le Conseil municipal apprend ainsi que « la ville » a l’intention de limiter certaines activités mais les élus ignorent purement et simplement de quelles activités il s’agit. Nous poserons évidemment la question au Maire de Bordeaux.
Compte-tenu de l’absence de concertation, de justification quant à l’augmentation des tarifs et des nombreuses questions que pose ce texte, le groupe socialiste votera contre cette délibération.