En parcourant le site web de la Ville de Mios, j’ai découvert avec stupéfaction que vous faisiez la promotion de l’élection de « Mini-Miss » (l’affiche de l’évènement évoque également l’élection de « Mini-Mister » mais les promoteurs indiquent sur leur page internet : « les garçons, à notre grand désespoir, n’ont pas répondu à notre appel ! »). Dès l’âge de 7 ans les filles sont autorisées à se porter candidates pour ce scrutin qui doit se tenir à Mios le 1er juin prochain.
Vous le savez, un pan entier de nos sociétés contemporaines est intrinsèquement sexiste. En Occident, les machistes exigent des femmes qu’elles soient forcément belles, séduisantes et soumises. Toutes petites, les filles reçoivent d’affriolantes poupées à coiffer et des dinettes pour leur apprendre très tôt à mettre la table et à faire la vaisselle. Comme cela ne suffisait pas, la patrie de Victoria Woodhull a inventé le concours des « Mini-Miss » et après quelques résistance culturelles, il arrive en France.
Les candidates sont jugées sur leur apparence, leur tenue, leur maintien et leur démarche sur scène. Examinées par des adultes qui perdent de vue qu’il s’agit d’enfants, elles doivent se conformer au cliché de la femme fatale. Comme il s’agit d’une compétition, c’est celle qui s’approchera le plus près du stéréotype attendu qui décrochera la timbale. À l’issue d’un apprentissage malsain, ces jeunes filles deviennent purement et simplement des enfants objets.
Le 5 mars 2012, la Sénatrice Chantal Jouanno a remis son rapport intitulé « Contre l’hypersexualisation, un nouveau combat pour l’égalité » (pdf 2,8 MO). Ce travail souligne que ce sujet est « un enjeu collectif d’affaiblissement des principes de dignité de la personne humaine et d’égalité entre les sexes ». Il préconise par ailleurs l’interdiction de ces concours de beauté, « quelle que soit leur dénomination », avant 16 ou 18 ans.
J’imagine Monsieur le Maire que vous ne souhaiteriez pas que vos petites-filles soient un jour amenées à participer à de telles manifestations. J’imagine Monsieur le Maire que vous désirez pour vos petits-enfants une société qui ne soit pas fondée sur le culte de l’apparence et de la soumission des femmes. Aussi Monsieur le Maire, j’espère que vous accepterez de revenir sur votre soutien « logistique et moral » à ce concours de « Mini-Miss » et que vous prendrez les mesures utiles pour qu’il n’ait pas lieu.
Veuillez agréer, Monsieur le Maire, l’expression de mes salutations distinguées.
Matthieu ROUVEYRE