Le foyer Leydet est un accueil d’urgence pour les personnes ne trouvant pas à se loger. Permettant initialement d’accueillir 163 personnes (arrêté préfectoral du 23 novembre 2001), la Mairie de Bordeaux a décidé qu’au 1er juillet 2013, l’établissement ne compterait plus que 64 places (soit une diminution de 60% de sa capacité d’hébergement).
Cette suppression de places d’accueil s’inscrit dans un programme cyniquement qualifié « d’humanisation » destiné nous dit-on à offrir un meilleur accueil aux personnes défavorisées. Nul ne conteste la nécessité d’améliorer l’hospitalité de Leydet. Toutefois, en refusant de compenser sur le territoire de la commune les places supprimées, la justification se révèle être un pur alibi pour une Mairie qui se débarrasse à bon compte de ses pauvres et fait peu de cas de son personnel.
Lors du Conseil municipal du 30 avril 2012, nous avons vivement protesté contre le refus du Maire de Bordeaux de compenser les places supprimées (cf Sudouest du 02 et du 10 mai). La Mairie nous répond qu’elle cherche des solutions, en évoquant notamment la piste des maisons relais. En tout état de cause, c’est plus de 150 personnes qui, chaque soir, contactent en vain le 115 (Ce chiffre est considéré comme sous-estimé par de nombreux travailleurs sociaux. Par ailleurs, certaines personnes ne sont pas comptabilisées, notamment les mères isolées qui relèvent dans de nombreux cas de la compétence du Conseil général et qui se voient proposer des dispositifs spécifiques). La suppression des places à Leydet va donc mécaniquement augmenter le nombre de déshérités qui se retrouvent à dormir dehors.
Deux documents, que nous publions ici, signés par le Maire et son représentant au CCAS démontrent un acharnement contre ceux qui n’ont déjà plus rien. Précisions que ces documents qui engagent pourtant la commune n’ont pas été présentés en Conseil municipal ni communiqués aux élus pour information.
Le premier, signé le 3 avril 2012 intitulé « Convention Centre d’Accueil d’Urgence Leydet » fixe les objectifs de suppression de places et indique par ailleurs, dans son article 7, qu’une contribution sera réclamée aux personnes hébergées. Un comble quand on sait que Leydet accueille les personnes les plus précarisées de Bordeaux !
Le second document, signé le 6 avril 2012 est un « Contrat de retour à l’équilibre financier » du centre Leydet. La recherche de l’équilibre d’un établissement de service public aux personnes sans ressources laisse déjà songeur mais ce n’est rien comparé aux objectifs qu’il fixe. Ainsi, dans son article 3, le ton est donné, l’établissement doit « maîtriser les coûts » au moyen de « mesures spécifiques » comme : « la réduction des emplois statutaires » (moins de personnels encadrant), « la réduction des dépenses énergies et fluides » (on réduit le chauffage en somme), « réduction des achats matériels et fournitures » (économisons sur les couvertures et les draps), « participation des hébergés au titre de l’urgence accompagnée » (réaffirmation de l’obligation déjà énoncée dans la convention).
Comme souvent avec la Mairie de Bordeaux nous avons, en matière sociale, la communication d’un côté : le forum social, les conférences sur la précarité, les hommages aux morts de la rue, … et la réalité de l’autre. C’est parce que nous refusons cette politique détestable menée par Alain Juppé que nous serons aux côtés du personnel de Leydet aujourd’hui lors de la manifestation prévue à 13h00.