La fan zone ou « zone officielle des supporters » est l’espace qui doit être aménagé place des Quinconces pendant l’Euro 2016. Il y est prévu des animations et surtout la retransmission des 51 matches de la compétition sur écran géant. La capacité d’accueil de cet espace est de 60 000 personnes et selon une étude du Centre de Droit et d’Economie du Sport (commandée par l’UEFA), la fan zone bordelaise pourrait recevoir 682 500 spectateurs. Cette estimation a été calculée avant les attentats du 13 novembre 2015 et l’UEFA n’a pas souhaité la réactualiser (source).
Alors que la compétition débute dans seulement trois mois, de nombreuses questions restent en suspens et le Maire de Bordeaux est singulièrement silencieux sur le sujet.
Un fan zone à 4 millions d’euros pour 30 jours de festivités !
Une délibération du Conseil de métropole du 29 mai 2015 (pdf) passée totalement inaperçue de la presse estime le coût de cette fan zone à 3 millions d’euros. Cette dépense qui comprend la sécurité et les animations devait être partiellement compensée par la participation de partenaires privés et institutionnels.
La France sortira tout juste de l’état d’urgence (sauf nouvelle prolongation) et il est impensable que le dispositif de sécurité reste celui qui avait été imaginé avant les attentats. Il se murmure d’ailleurs dans les couloirs de la métropole que la facture de cette fan zone pourrait s’alourdir d’un million d’euros en raison des nouvelles exigences en la matière.
Concernant la participation financière d’éventuels sponsors à cette fan zone, c’est silence radio. Le règlement de l’UEFA prévoit un maximum de 4 partenaires privés et 2 partenaires institutionnels. Compte-tenu des sommes en jeu et du peu de sponsors autorisés, l’engagement pour chacun d’eux se chiffre à plusieurs centaines de milliers d’euros, ce qui raccourci fortement la liste des candidats potentiels. À une centaine de jours de l’évènement, aucun ne semble s’être manifesté.
Le risque est fort que cette facture de 4 millions d’euros soit pour une très grande partie supportée par l’argent public. On dépenserait alors pour 30 jours de fêtes l’équivalent de la construction de deux gymnases ou d’une piscine (dont on ne rappellera jamais assez que ce sont des équipements qui manquent cruellement à Bordeaux).
Les 2 millions d’euros proposés par l’UEFA à Bordeaux semblent ridicules au regard des 200 millions d’euros d’argent public dépensés pour la seule construction du stade auxquels il faut ajouter les sommes engagées pour le chantier des désertes. L’Euro 2016 va être une juteuse affaire pour l’Union européenne des associations de football, Alain Juppé doit exiger d’elle qu’elle contribue davantage à cet événement.
Un dispositif de sécurité inconnu
On se souvient qu’après les attentats de novembre, la question de la sécurité des fan zones occupait tous les esprits. La préoccupation était si grande que même l’entourage d’Alain Juppé n’excluait pas de renoncer à cet espace. Ainsi, Frédéric Gil, chef de projet Euro 2016 pour Bordeaux à qui la presse posait cette question « Peut-on envisager d’annuler les fans zones ? » répondait : « Tout est possible ». Un peu plus loin, il expliquait « On a entendu le chef de l’Etat décréter l’état d’urgence. On a entendu le Premier ministre parler de guerre. Je ne sais pas si le troisième évènement mondial peut être organisé dans un pays en guerre. ».
À peine 3 mois après ces déclarations pour le moins inquiétantes de la part d’un des organisateurs bordelais de l’Euro, qu’est-ce qui a vraiment changé ? Le danger est-il écarté ? En tout état de cause, quel est le dispositif mis en place ? Là encore, nous n’avons aucune réponse de la part du Maire de Bordeaux.
Enfin, selon la délibération métropolitaine de mai dernier, un « test complet du plan de mobilité (plan de circulation, renfort de service et mise en place des mesures de tarification) grandeur nature » devait « être programmé courant 2015 afin de vérifier son efficacité préalablement à l’événement ». Quand on voit le chaos qui règne à chaque sortie de matches au Matmut Atlantique pour un stade rempli à 25%, on ose à peine imaginer les défis qui attendent demain les organisateurs, et particulièrement en matière de sécurité. Pourtant, qui a entendu parlé de ce « test grandeur nature » ? A-t-il eu lieu ? Comment les choses vont-elles s’organiser ? Là encore, aucune réponse.
Il n’est plus aujourd’hui question de tergiverser. Alain Juppé doit répondre aux questions. S’il ne peut pas garantir la présence des sponsors ou se montrer formel sur la question de la sécurité, il n’a pas d’autres choix que de renoncer à la fan zone.