Le Grand Stade de Lille a été construit et est exploité dans le cadre d’un contrat de partenariat public privé (PPP). Pour atténuer le montant du loyer dû par la communauté urbaine au titre de ce contrat (10 millions d’euros par an sur 31 ans), le plan de financement initial prévoyait la perception des recettes du “naming”, estimées à 3,5 millions d’euros par an (soit environ 100 millions d’euros pour la durée de l’exploitation du stade en PPP). On apprend aujourd’hui que Martine Aubry renonce à ces sommes pour donner au Grand Stade de Lille le nom de Pierre Mauroy.
Les PPP, présentés comme la solution miraculeuse d’une crise de l’investissement public en France, n’en finissent pas de faire des ravages (cf mon dossier Grand Stade). Très coûteux pour la puissance publique, ils ont été contractés par des élus trop facilement séduits par le “tout en un” (conception, réalisation, exploitation, portage financier) de tels contrats. Les grands stades adossés à de tels montages sont l’illustration de la toxicité des PPP. Chaque fois que le risque intervient, ses conséquences sont supportées par le public si bien qu’il ne reste plus grand chose de “privé” dans leur financement.
C’est bien entendu parce que la communauté urbaine de Lille n’a trouvé aucun candidat au naming que Martine Aubry, par une singulière pirouette, a décidé de donner au stade du LOSC le nom de l’ancien maire de Lille. Si la mémoire de Pierre Mauroy doit être honorée, aurait-il pour autant cautionné une stèle personnelle à 100 millions d’euros ? En tant que socialiste, je suis consterné par une telle décision. Combien de logements sociaux, de crèches, d’équipements de proximité baptisés Pierre Mauroy auraient-ils pu être financés par une telle somme ?
Le plan de financement du Grand Stade de Bordeaux prévoit également le recours au naming. Dans le PPP bordelais, son risque est supporté par la société de projet (Vinci/Fayat) car les sommes attendues dans le cadre du naming sont intégrées dans les recettes nettes garanties par celle-ci à la Ville. Néanmoins, si Alain Juppé décidait de mimer la Maire de Lille, le contribuable bordelais connaîtra le même sort que son homologue lillois et à notre connaissance, aucun candidat ne s’est présenté pour acheter le nom du Grand Stade de Bordeaux …