25% des bordelais sous le seuil de pauvreté, un Maire à côté de ses pompes

Dans son édition du samedi 1 novembre, le quotidien Sud-Ouest reprend les déclarations d’Alain Juppé concernant la pauvreté à Bordeaux. Le Maire semble tomber des nues : il y aurait des pauvres à Bordeaux ? Et autant ? Selon l’estimation dont Alain Juppé se garde de nous dévoiler la source, 55 000 bordelais (soit environ 25% de la population de la ville) se trouveraient sous le seuil de pauvreté (1). Pourtant Maire de cette ville depuis 12 ans, Alain Juppé semble décidément éloigné de ses habitants pour être autant surpris par les chiffres avancés. Est-ce un moyen pour lui de s’excuser par avance de la faiblesse de sa politique sociale ? Va-t-il nous faire le coup du : “Désolé, je ne savais pas” ?

Crise du pouvoir d’achat, travailleurs pauvres, contexte économique de plus en plus défavorable, … : où était Alain Juppé ces derniers temps pour ne pas avoir entendu parler de tout ça ? La politique du Maire de Bordeaux a toujours été de s’occuper des façades de la ville au détriment de ses habitants. C’est un reproche que nous lui adressons depuis longtemps maintenant mais auquel il a toujours été complètement sourd. Il est indécent qu’aujourd’hui, Alain Juppé feigne de réaliser l’ampleur du malaise alors que précisément il conduit une politique laissant les plus modestes sur le bord du chemin. Dans “sa” ville classée au patrimoine mondial, Alain Juppé voudrait moins de pauvres. Non pas en les aidant à prendre l’ascenseur social mais en les invitant à franchir les boulevards ou la Garonne ! Dehors, les pauvres ! Enfermé dans ses certitudes, Alain Juppé a refusé de voir la réalité en face.

À plusieurs reprises nous l’avons alerté et ses réponses ont toujours été surprenantes. Deux exemples : fiscalité locale et logement.

Fiscalité : Lorsque nous lui avons demandé (2) de mettre en place des abattements à la taxe d’habitation en faveur des personnes modestes, sa réponse (3) a été de dire : les RMIstes ne payent pas cet impôt. Il n’y a pourtant pas 55 000 RMIstes à Bordeaux ! Il n’y a pas d’un côté les RMIstes et de l’autre les riches. Il existe notamment les classes populaires, des personnes qui travaillent à temps partiel, des familles qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts sans pour autant bénéficier des minimas sociaux. Pas pour Alain Juppé.

Logement : Dans l’article mentionné plus haut, Alain Juppé déclare : “Nous avons sur Bordeaux, 80 % des places d’hébergement d’urgence du département. On nous parle souvent des 20 % de logements sociaux qu’il faut avoir mais là, on est nettement au-dessus de ce qui est imposé et de ce que font d’autres.”. On le savait droit dans ses bottes, aujourd’hui Alain Juppé est incontestablement à côté de ses pompes. Sur les 55 000 personnes se trouvant sous le seuil de pauvreté, peu sont concernées par les places d’urgence. Dans ces 55 000, il y a des familles, des couples sans enfants qui ont besoin d’un appartement, pas de places d’urgence. Se réfugier derrière l’hébergement d’urgence pour faire oublier l’absence de politique volontariste en matière de construction de logements sociaux est proprement scandaleux.

Nous l’avons déjà dit et démontré (4), Bordeaux est une ville riche. Le maire dit que la ville se devait de “faire mieux encore”. Et comment ! La subvention au CCAS de la ville de Bordeaux est inférieure à 6 millions d’euros, soit 2,12% des recettes réelles de fonctionnement (5) de la commune !

Nous appelons à la nomination au sein du Conseil municipal d’un(e) élu(e) dont la délégation est précisément la lutte contre la pauvreté (comme à Nantes par exemple). Nous appelons à une rencontre immédiate avec l’ensemble des acteurs (associations, collectivités, …) sociaux pour dégager les premières mesures d’un plan d’urgence en faveur des bordelais les plus modestes. Il est urgent d’agir.

1) Attention à ne pas se contenter du chiffre par individu, il ferait oublier la situation des familles. Voir le rapport de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale.

2) Mon billet du 15 avril 2008

3) Après l’avoir affirmé en Conseil municipal, cela a été transcrit noir sur blanc sur le site de la ville.

4) Mon billet du 14 avril 2008

5) Références sur le site de la Ville

  1. 1 novembre 2008 - Répondre

    Bravo Matthieu de vous intéresser aux problématiques des personnes exclues. Espérant que votre demande de création d’une délégation soit prise en compte.Surtout soyez vigilant concernant la philosophie de ces actions, la prise en charge des précaires seulement sous l’angle cartitatif compassionnel ne suiffit pas. Demandez aussi le rapport effectué par le Cabinet PLACE sur l’action sociale. Quid des propositions faites par la Ville?

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