((/v2/public/9212539.jpg|Mémorial déportation 2009|L|Mémorial déportation 2009, mai 2009)) Les associations homosexuelles demandent que soient officiellement reconnues toutes les catégories de déportés. En vain jusqu’à présent. La cérémonie nationale du souvenir des déportés s’est déroulée hier matin dans la cour de l’École nationale de la magistrature. Ou plutôt à l’ancien fort du Hâ, d’où partirent de si nombreux Bordelais et gens de la région pour l’inconnu terrible. Cérémonie traditionnelle, donc. Avec roses rouges déposées par les anciens déportés au triangle rouge ; poèmes lus par les enseignants du collège Alain-Fournier et du lycée Saint-Louis dont les élèves étaient aussi présents ; message des associations de déportés évoquant « les persécutions raciales et les répressions féroces » dont s’est rendu coupable le régime nazi et invitant les citoyens « à se garder des idéologies de l’exclusion ». Tous les triangles Et puis, les chants, « chant des marais » qui dit « la terre de détresse » des camps, et « chant des partisans » que les anciens reprennent tout bas, la sonnerie aux morts qui incline les drapeaux, les gerbes et la Marseillaise… Mais pas de discours tout haut que les déportés n’étaient pas uniquement frappés du triangle rouge des politiques. Les associations de défense des homosexuel (le) s y croyaient bien, pourtant, cette année. Matthieu Rouveyre, président de la LGTB (lesbian and gay pride, lire également ci-dessous) et conseiller municipal socialiste en avait obtenu l’assurance de la part du secrétaire général de la préfecture… muté récemment. Il avait même été question d’exposer au pied de la stèle du fort du Hâ le panneau du centre Jean-Moulin qui expose les différents triangles de déportés, jaune pour les Juifs, rose pour les homosexuels, marron pour les Tziganes, violet pour les Témoins de Jehovah, noir pour les « asociaux » dont faisaient partie les lesbiennes… Le même panneau se trouve d’ailleurs à l’entrée d’Auschwitz. Julien Pellet, secrétaire du Mémorial de la déportation homosexuelle précise : « chaque année nous demandons la même chose. Chaque année, on nous promet une visibilité qu’on ne voit pas. Une circulaire de 2005 du ministère des Anciens combattants demande pourtant que toutes les catégories de déportés soient citées pendant la cérémonie. Ou, à tout le moins, que les associations présentes le soient. Certaines villes procèdent déjà ainsi ». Minute de silence À Bordeaux, si les assos homos étaient bien représentées hier matin au fort du Hâ, force est de constater que seule la fédération des déportés et internés de la Résistance (FNDIR) a été évoquée. Pas question de faire un scandale pour autant. Le lieu ne s’y prête guère. De toute façon, les homosexuels ne réclament pas la reconnaissance du seul triangle rose, mais que tous soient à l’honneur. « Sinon, on fabrique de l’oubli » souffle Matthieu Rouveyre. À l’issue de la cérémonie officielle, une minute de silence associative a mis les choses au point. Parmi ceux qui étaient restés, Naïma Charaï, conseillère régionale PS « trouve dommage que la préfecture fasse un black-out ». Et la députée Michèle Delaunay, qui a renouvelé la demande à la préfecture, garde bon espoir… pour la prochaine fois. Pendant ce temps, les militaires et les autres représentants de l’État avaient filé à la mairie pour le vin d’honneur réglementaire. Les membres de la FNDIR aussi. Roger Joly, son responsable départemental, vice-président national, fait son devoir de mémoire toute l’année en racontant aux lycéens et aux collégiens ce que fut l’horreur des camps. Pour que l’Histoire ne s’efface pas. « Bien sûr que cette journée du souvenir est pour tous les déportés quels qu’ils soient » dit-il. « Mais je crois aussi que les associations homosexuelles se servent de toutes les opportunités pour faire avancer leur cause… contre laquelle je n’ai rien » Et l’an prochain ? Auteur : Catherine Darfay